« Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes ». Cette citation de Jean Monnet, considéré comme un des pères de l’Europe semble plus essentielle que jamais. Il existe de multiples moyens d’unir les peuples. Un de ces moyens est de permettre les échanges en facilitant la mobilité entre les Etats. L’Union européenne en a légiféré quatre principes qui sont aujourd’hui acquis. Quelques années auparavant, les transports représentaient en premier lieu un output économique, alors que les préoccupations sociales et environnementales n’étaient elle que secondaires, voire inexistantes. Aujourd’hui, outre l’importance économique des transports, qui reste sans aucun doute centrale, des dimensions environnementales et sociopolitiques sont de plus en plus visibles et s’expriment également au niveau politique. Dans les sociétés modernes, les processus de transport sont bien plus qu’un facteur économique. Ils sont à bien des égards liés aux dynamiques de développement de la société et sont à la fois la cause et la conséquence de pratiques sociales.
Cependant les frontières internes de l’Union, malgré l’importance des zones transfronalières restent des axes de liaison encore peu développés. Ceci est dû à de nombreux obstacles pluridisciplinaires des espaces transfrontaliers. Des systèmes juridico-administratifs, des normes techniques, des cultures ainsi que des agendas politiques différents semblent former un nombre infranchissable de barrières.
Il existe cependant de nombreux outils, mis en place au fur et à mesure des besoins permettant de franchir ces écueils. Un d’entre eux essentiel pour la coopération franco-allemande est le traité dit d’Aix-la-Chapelle signé en 2019.
En s’appuyant sur le cas de la liaison ferroviaire durable Colmar-Fribourg, cette étude permet de voir l’intérêt de tels outils pour la réalisation de grand projets d’infrastructure. Ce type de gouvernance de projet nécessitant non seulement l’accord et l’appui d’un large réseau d’acteurs publics et privés, de populations locales, d’entreprises et d’institutions administratives et politiques mais aussi une persévérance à l’agenda politique puisque l’étude et la réalisation s’étend sur de nombreuses périodes de mandats.